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lettresjuminer

5 mai 2007

PREMIERE- L'APOLOGUE- LE SIECLE DES LUMIERES

CANDIDE fr.wikipedia.org/wiki/Voltaire fr.wikipedia.org/wiki/Siècle_des_Lumières www.culture.fr/lumiere/documents/musee_virtuel.html VOLTAIRE. · 1694. Naissance de Jean Marie Arouet, qui prendra plus tard pseudonyme de Voltaire. · 1726. Bastille, puis exil en Angleterre, suite à une dispute avec le chevalier de Rohan. · Le chevalier a plein de mépris pour ce bourgeois qui n’a même pas de nom. « Mon nom, je le commence, et vous finissez le vôtre. » · 1744. Historiographe du roi Louis XV et séjour à Versailles. · 1741-1748. Guerre de la succession d’Autriche. 1750-1753. Séjour à la cour de Frédéric II. 1755. Tremblement de terre de Lisbonne. Querelle avec Rousseau. 1756-1763. Guerre de Sept ans. 1759. Candide. 1760 . Installation à Ferney. 1762. Affaire Calas. 1778. Mort à Paris. Il faut retenir que Voltaire traverse donc tout le XVIII. D’origine bourgeoise, Voltaire cherchera constamment à s’élever dans la société du XVIII afin d’égaler les nobles. Plusieurs fois embastillé, il connaît donc l’arbitraire royal et les lettres de cachet. Toutefois, malgré une vie d’errance, il est un des auteurs les plus importants du Siècle des Lumières au point que les révolutionnaires de 1789 verront en Voltaire, tout comme en Rousseau, le père de la Révolution. Rien de plus faux cependant. Tout comme Rousseau dans son Contrat Social qui affirme dés le début de son essai que l’homme né libre et partout il est dans les fers, Voltaire considérer que l’homme est naturellement libre. Il croit en la démocratie mais uniquement applicable dans de tout petits pays. Il ne croit pas au droit divin, mais respecte cependant la monarchie. Son idéal politique vise plutôt à l’avènement d’un despote éclairé qui se soucierait du bonheur de son peuple. C’est le régime constitutionnel anglais qui aurait sa préférence car il garantit la liberté et limite le pouvoir royal. Tout comme il ne croit pas au droit divin, Voltaire refuse les religions révélées qui pour lui repose sur des impostures. Elles donnent naissance au fanatisme, à la superstition et à l’intolérance. Cependant, il ne nie pas l’existence de Dieu bien au contraire. Dieu est » l’horloger », « l’éternel géomètre », » l’éternel architecte du monde ». « L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer/ Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. » Déiste, Voltaire croit donc en une religion naturelle, en un être suprême, « Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps. » Cette religion est la seule qui garantit la tolérance, condition essentielle de tout progrès dans l’humanité. Voltaire nous invite à ce titre à organiser notre bonheur terrestre. Ne pouvant exprimer ses idées ouvertement, Voltaire utilisera fréquemment le conte pour les exposer. · LE CONTE Ou L’APOLOGUE. Il s’agit d’une fable, d’un récit destiné à nous enseigner une certaine morale. L’apologue a donc pour fonction de nous divertir mais aussi de divulguer des idées. a. Divertir ; Candide remplit cette fonction grâce l’utilisation d’une narration rapide où les évènements se précipitent les uns derrière les autres sans aucun temps de repos. Voltaire utilise ainsi les techniques du roman picaresque en plaçant ses personnages dans un voyage quasi permanent. Par ailleurs, il alterne aussi les voix narratives en construisant des récits à tiroirs, des mises en abîme ou encore des récits dans le récit. C’est la raison pour laquelle nous aurons droit par exemple au récit de Cunégonde ou encore à celui de la vieille. Il faut noter cependant que Voltaire s’amuse aussi de ces conventions narratives et les remet en question. Plusieurs péripéties apparaissent invraisemblables et nous verrons plusieurs fois réapparaître des personnages que nous croyions morts. Ce jeu sur les conventions narratives permet à l’auteur de nous faire prendre du recul vis à vis du récit afin que nous prenions bien conscience que l’essentiel est ailleurs. B. Enseigner une morale. Il s’agit en effet pour Voltaire d’utiliser ce récit afin de diffuser ses idées auprès d’un public le plus large possible. Comme le Gargantua de Rabelais, on peut donc dire que Candide est un ouvrage de vulgarisation. Il s’agit d’abord pour Voltaire de remettre en cause les us et coutumes de notre société en remettant en cause l’organisation sociale, les religions, l’intolérance ou le bien fondé des guerres. Pour ce faire, Voltaire utilise un personnage porteur de conscience qui se définit par sa naïveté. Le regard que Candide pose sur le monde est un regard neuf, un regard vierge. Ce procédé permet de nous interroger sur le bien fondé de nos coutumes car ce qui nous est habituel devient aux yeux de Candide étrange, nouveau, bizarre. Montesquieu avait déjà employé ce procédé dans son roman épistolaire les Lettres Persanes où il mettait en scène un Persan fraîchement arrivé à Paris. Ricca découvrait ainsi la société française et s’interrogeait sur son fonctionnement. Il faut noter cependant que Candide finit par acquérir une certaine expérience. Le conte nous livre ainsi une leçon de vie toute pragmatique, comme nous le montre le chapitre final. CHAPITRE I. Il s’agit de comprendre, à travers cet incipit comment Voltaire pose les données essentielles au conte. En effet, le lecteur doit dés la première page saisir la tonalité du récit, et comprendre qu’il a affaire à un apologue. L’essentiel ne sera donc pas la véracité du récit, mais plutôt la morale que nous pourrons y retrouver. A ce titre, le narrateur est inconnu mais nous savons que l’ouvrage a été traduit de l’allemand par un certain Docteur Ralph. Le titre de Docteur nous invite déjà à trouver derrière le récit un savoir sous-jacent et le chapitre I va inviter le lecteur à pénétrer dans le domaine du conte. Nous verrons que Voltaire parvient à son but par l’emploi de techniques narratives mais aussi par une évocation bien particulière des personnages. I. Les techniques narratives du conte. a. Le temps. Les premiers mots nous plongent dans l’univers traditionnel du conte. Le « Il y avait » constitue en effet une tournure équivalente au traditionnel « Il était une fois. » Ainsi le récit se situe dans un passé indéfini. Nous restons dans le vague et la narration ne dispose pas, contrairement à ce qui se passe dans le roman, d’un ancrage temporel défini. Nous nous situons ainsi dans un passé indéfini, une époque à la fois proche et lointaine. Ces premiers mots nous plonge ainsi dans un monde mythique, celui du Commencement ou encore des origines du Monde, un Age d’Or. D’ailleurs, le fait que l’action se déroule dans un château, c’est à dire dans un monde clos, hors du temps, contribue encore à cette dimension mythique. A ce propos, de nombreuses critiques littéraires n’ont pas manqué de rapprocher ce chapitre I de la Genèse, comparant l’exclusion du château à celle d’Adam chassé du Paradis terrestre. Il nous faut peu de temps pour nous rendre compte que le récit se situe dans une actualité proche de Voltaire à travers l’organisation sociale du château. b. L’espace. L’action se trouve définie dans un espace particulier, et cependant encore vague pour le lecteur contemporain de Voltaire. La Vesphalie est une région éloignée, un royaume hors de notre portée, mais qui dans l’imaginaire voltairien se trouve connoté de façon négative. Voltaire se souvient de ses mésaventures avec Frédéric II. La Vesphalie est donc ici synonyme de barbarie, de pauvreté. II. Les personnages. a. Des personnages marionnettes. Cette impression est tout de suite confirmée par l’évocation du baron dont le nom souligne le caractère colérique. Thunder tend Tronckh évoque le grondement d’un tonnerre ; et par association, celle d’un châtiment divin. Cela correspondra d’ailleurs au caractère du personnage et à celui de son fils. Dans Candide, en effet, les noms des personnages correspondent à leurs caractères. Il y a là un principe onomastique qui permet de réduire leurs psychologies et leurs portraits physiques à des notations minimales. A ce titre, nous pouvons dire que nous n’avons pas affaire à de véritables personnages, mais plutôt à des marionnettes dont les caractères se trouvent définis dés le début de l’action et qui seront par la suite incapable d’évoluer. Candide est naïf. Pangloss, en grec tout en bouche, se définit uniquement par ses discours inutiles. Il convient de remarquer alors l’emploi du discours direct qui permet de transcrire les raisonnements de Pangloss tels qu’il les énonce. L’importance accordée aux liens logiques permet de souligner l’importance que Pangloss accorde à une prétendue logique alors même que dés le début, son raisonnement est faussé. Pangloss prend pour une fin ce qui n’est qu’un usage. Il faut noter cependant que Seul Candide est susceptible d’évoluer. Il se trouve promis à un destin prometteur puisqu’il a une ascendance nobles. Force cependant de constater que nous avons ici un ensemble de personnages schématiques, qui ne sont que des marionnettes car la plupart seront incapables d’évoluer. b.L’organisation sociale. Cette évocation des personnages répond par ailleurs à une organisation sociale bien précise et elle reprend le modèle social du XVIII. Au premier rang la noblesse, ensuite les roturiers. Le portrait du baron est, à ce titre, évocateur. « Monsieur le Baron était un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie, car son château avait une porte et des fenêtres ». La conjonction de coordination « car » établit ici un lien de cause à effet qui a une valeur ironique. Voltaire entend ainsi dénoncer la vanité du Baron, et à travers lui, la vanité de toute la noblesse. N accorde plus d’importance à l’apparence ou à la pompe qu’à la réalité des choses. C’est ce qui explique que les « chiens de la basse cour » compose une « meute », que les « palefreniers » deviennent des « piqueurs » et « le vicaire » un « grand aumônier ». A l’aspect impétueux colérique et vaniteux du personnage va s’ajouter son étroitesse d’esprit. Le gentilhomme, père de Candide, se voit refuser le mariage parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers. Voltaire entend dénoncer ainsi l’état d’esprit d’une classe sociale qui se referme sur elle-même et qui refuse ainsi toute évolution. Cet incipit permet donc de nous plonger dans le domaine du conte tout en nous offrant une critique sociale du XVIII. Derrière le récit transparaît ainsi la morale et Voltaire entreprend dés le début de son conte une attaque en règle contre la noblesse de son temps. Thunder ten Tronckh apparaît en effet comme indigne de porter son titre et indigne de ces fonctions. Il s’agit d’ailleurs là d’une constante que nous retrouverons tout au long du conte. CHAPITRE III. Remise en situation. Ce chapitre est entièrement consacré à la dénonciation d’un autre mal ; la guerre. Cette dénonciation prend tout son poids si l’on resitue la publication de Candide dans son contexte historique. Le conte de Candide est publié peu de temps après la Guerre de Succession d’Autriche, de1741 à 1748 et juste après la Guerre de Sept An de 1756 à 1763. La France, l’Angleterre et la Prusse, autrement dit toute l’Europe s’embrasent dans ces conflits aussi meurtriers qu’aujourd’hui inutiles. Nous verrons comment Voltaire dénonce les horreurs de la guerre ; il utilise deux procédés : l’ironie ainsi que l’emploi d’une focalisation interne. I Une tonalité ironique. Le premier paragraphe de ce chapitre est raconté par le biais d’une focalisation zéro. Le narrateur se veut ici omniscient nous offre une vision globale ou encore panoramique du champ de bataille. La guerre est alors présentée comme un véritable spectacle, ou encore comme une parade. a. Les procédés rhétoriques. La première phrase nous offre d’emblée cette dimension de la guerre présentée comme un divertissement. « Rien n’ était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. » La répétition de l’adverbe intensif ainsi que l’équilibre syllabique des groupes attributs de deux, trois, puis quatre syllabes offrent à la phrase un entrain semblable à celui d’un champ de bataille. C’est encore cette impression de joie, d’allégresse que va nous offrir la deuxième phrase puisque le spectacle devient ici musical avec « les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons. » La juxtaposition des groupes sujets obéît la encore à une même répartition syllabique avec des groupes de trois syllabes ce qui permet de souligner la dimension harmonieuse des armées en mouvement. Il y a là une stratégie ordonnée et toute mathématique. « Les canons renversèrent six mille hommes de chaque coté… ; la mousqueterie ôta…neuf à dix mille coquins…. La baïonnette fut la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. » b. L’absence de toute légitimité. Cette stratégie n’accorde aucune importance à la vie humaine. Il y a ainsi une discordance importante entre la dimension spectaculaire que la bataille veut afficher et sa dimension sanglante. Cette discordance est d’ailleurs développée au fil du texte avec le rapprochement de deux termes opposés « l’harmonie » puis « l’enfer ». Elle se trouve résumée par l’emploi de l’oxymore « boucherie héroïque ». En rapprochant ainsi ces deux termes opposés, le narrateur entend souligner la barbarie du champ de bataille. Les criminels, les assassins deviennent en temps de guerre des héros. La guerre représente ainsi le retour à la barbarie, retour d’autant plus scandaleux qu’il ne saurait reposer sur aucune légitimité. C’est la raison pour laquelle nous voyons les deux rois faisant chanter des Te Deum. Chacun est convaincu de sa victoire sur l’autre. Chacun est aussi convaincu de son bon droit. Ce recours à la pompe et aux cérémonies se trouve par ailleurs dénoncée par le spectacle des victimes. II. L’utilisation de la focalisation interne. a. Candide personnage porteur de conscience. C’est ici que Candide devient personnage porteur de conscience et que nous passons d’une focalisation zéro à une focalisation interne. Cette focalisation interne est soulignée par l’emploi de verbes de mouvement. « Candide prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes…. Il passa par-dessus des tas de morts… gagna un village voisin. » L’emploi de la parataxe avec la fréquence des points virgules permet ici d’éviter l’emploi de verbes de perception. Le rythme narratif se fait plus rapide et les images qui s’offrent à la vue de Candide sont ainsi restituées dans toute leur violence. b. Un quotidien qui bascule dans l’horreur. Il est alors important d’étudier l’importance du champ lexical de la torture et de l’horreur avec « le village en cendres, les vieillards criblés de coups, les femmes égorgées qui tiennent leurs enfants à leurs mamelles sanglantes, les filles éventrées, ou encore, les cervelles répandues par terre à coté de bras et de jambes coupés » Le quotidien bascule ainsi dans l’horreur la plus triviale ce qui ne peut que choquer le lecteur. Ce chapitre III est un des chapitres les plus importants de Candide car il annonce un thème que nous retrouverons tout au long du récit ; la découverte du mal sous toutes ces formes. Par ailleurs, la dénonciation voltairienne de la guerre n’a rien perdu de son actualité à une époque où les médias utilisent des expressions telles que « guerre propre » ou encore « frappe chirurgicale. » Aujourd’hui comme avant, ce sont encore les populations civiles qui sont souvent les plus touchées par les situations de conflit. CHAPITRE VI. Remise en situation. Après la condamnation des abus de la noblesse et de ses privilèges, après la condamnation de la guerre, Voltaire s’attaque ici à un autre mal de son siècle ; la superstition et l’intolérance. Le conte s’inscrit ici dans l’actualité et laisse ainsi apparaître ses dimensions polémique. Ce chapitre fait en effet clairement référence au tremblement de terre de Lisbonne qui fit plus de trente mille morts. Par le biais de la satire, Voltaire attaque ici la religion et son intolérance. I La condamnation d’une religion dogmatique. Voltaire insiste dés le début du chapitre sur l’importance des gens qui prennent la décision. Il s’agit des sages du pays de l’université de Coimbra. a.Les dogmes. Un dogme est une vérité à laquelle on croit sans qu’il soit nécessaire de la prouver. Alors que l’on pourrait supposer que les sages du pays prendraient une décision réfléchie, ces derniers font appel au dogme pour remédier à la crise morale provoquée par le tremblement de terre. Nous sommes ici dans l’utilisation dogmatique de la religion comme le montre l’emploi d’expressions telles que « secret infaillible ». En outre, le dogme apparaît avec l’emploi d’un présent de vérité générale qui permet de présenter la décision des membres de l’université comme un remède infaillible. « Le spectacle de quelques personnes brulées à petit feu est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler. » Ce dogme est encore renforcé par l’utilisation de liens logiques tels que « il était décidé » ou encore « par conséquent » qui renforce l’impression de certitude inébranlable ou encore par l’enchaînement temporel des évènements. « Après le tremblement de terre »… « huit jours après. » De la décision de quelques personnes à la généralisation d’une attitude, il n’y a qu’un pas comme peut nous le montrer l’utilisation du pronom indéfini « on ». « On avait en conséquence saisi un biscayen » …Le dogme mène ainsi à l’intolérance. b.Ridiculiser les pratiques religieuses Ce dogme est cependant ridiculisé quelques lignes plus bas. « Le même jour, la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable. » Le narrateur utilise alors le passé simple afin de mettre en relief cet événement. Par ailleurs, le narrateur ne manque pas d’utiliser de nombreux procédés afin de ridiculiser ces pratiques religieuses avec par l’exemple ; -l’association de termes opposés ; « bruler à petit feu en grande cérémonie » l’utilisation d’euphémisme ; avec les appartements d’une extrême fraîcheur pour désigner les cachots. Il y a là autant de procédés qui sont utilisés afin de dénoncer l’hypocrisie religieuse et celle de l’inquisition. La condamnation de cette institution se fait plus précise au fil du chapitre. II.De la religion à la superstition. a.L’intolérance. Ce qui frappe avant tout dans cette évocation de l’inquisition, c’est la disproportion qu’il y entre les faits reprochés et les châtiments. Pangloss est ainsi pendu pour avoir parlé, Candide est fessé pour avoir écouté et le Biscayen brûlé pour avoir épousé sa commère. Tout se passe comme si les motifs d’accusation importaient peu. L’essentiel est de trouver un bouc-emmissaire et les motifs ne manquent pas dans une société qui repose sur l’intolérance. b. Spectacle et obscurantisme. Le but de l’autodafé semble avant tout de marquer l’imaginaire des spectateurs. Tout comme dans le chapitre consacré à la guerre, nous retrouvons cette dimension de spectacle. Il s’agit d’un « bel autodafé », d’une « grande cérémonie », accompagné d’un « sermon pathétique » et de » la musique en faux bourbon ». Tout est fait pour frapper l’imaginaire des spectateurs comme va nous le confirmer les habits des condamnés. Candide est vêtu d’ »une mitre et d’un san bénito avec des flammes renversées et des diables sans queue ni griffes » tandis que Pangloss a des habits ornés de « diables ayant des griffes et des queues ». Le chiasme souligne la naïveté moyenâgeuse de cet imaginaire. Il s’agit de frapper les esprits des spectateurs et de leur faire peur en faisant appel à des images primitives. Nous sombrons ici dans l’obscurantisme et la religion finit ici par se confondre avec la superstition. Voltaire entend donc dénoncer ici le fanatisme qui habite toute religion révélée. Il y a là un thème majeur de Candide. L’église, mais aussi toute forme de religion, quelle soit catholique, anti-papiste, musulmane ou juive sont toutes successivement condamnées dans le conte. La religion cautionne la guerre (chapitre III), mais aussi l’esclavage (XIX) et le commerce des armes. (XII. Il faudra attendre la visite de l’Eldorado pour que Voltaire expose enfin son idéal religieux. Chapitre XVIII. Remise en situation. Le chapitre XVIII est l’occasion pour le récit de gagner une nouvelle dynamique et de nous faire pénétrer dans un monde merveilleux, un pays utopique où l’abondance est le maître mot. Nous entrons ainsi dans un pays de rêve. E thème imaginaire entraîne un changement de tonalité dans l’œuvre mais nous verrons aussi que cette utopie est là pour instruire le lecteur. Il permet en effet de véhiculer les modèles sociaux de Voltaire. I.Un monde d’abondance. a. Divertissement narratif. L’évocation de ce monde se fait sous le signe du divertissement. Voltaire ne nous impose pas des discours théoriques sur l’organisation sociale de l ‘Eldorado, mais il privilégie un enchaînement rapide des évènements comme le souligne l’emploi répété du passé simple. Il utilise d’ailleurs des présents narratifs afin de rompre la monotonie du récit ; « Candide et Pangloss montent en carrosse. » Il privilégie aussi l’emploi de discours direct. C’est ainsi que tour à tour les paroles du vieillard, puis celle du roi nous serons rapportées afin de rendre le récit plus vivant. b.Un pays de Cocagne. L’Eldorado est avant tout un monde d’abondance, de richesse infinie. Voltaire véhicule ainsi les vieux mythes de la Renaissance. Le sable est fait d’or, les cailloux sont des pierres précieuses. Il en souligne cependant la dimension imaginaire avec les moutons qui volent. C’est encore cette dimension utopique que l’on retrouve avec l’évocation de la ville et ses édifices publics élevés jusqu’aux nues, les marchés ornés de mille colonnes, les fontaines d’eau pure, celles de liqueur de canne et les grandes places pavées de pierreries. Nous sommes dans un monde de richesses infinies où l’abondance va de pair avec un exotisme facile avec les senteurs d’épices, de girofle, de cannelle ou encore les duvets de colibri. Tout est fait pour transporter le lecteur dans l’univers de l’imaginaire dans une société modèle qui prend souvent des aspects entièrement opposés à notre réalité. C’est ainsi par exemple que Candide et Pangloss sont reçus à la cour par vingt belles filles de la garde et non pas par des soldats. C.Image du Paradis Terrestre. Ce procédé qui consiste à proposer un modèle utopique construit sur l’inverse de nos sociétés avait déjà été utilisé par Rabelais lorsque celui ci décrit l’abbaye de Thélème dans son Gargantua. Thélème fonctionne en effet sur l’inversion des règles monastiques. Voltaire reprend ainsi le procédé rabelaisien. Le monde de l’utopie est ainsi très souvent un monde carnavalesque dans le sens où il repose sur une inversion des valeurs. Alors que le monde qui nous entoure est envahi par tous les maux, Voltaire décrit le temps d’un chapitre un monde mythique, proche de l’age d’or ou encore du paradis terrestre. Or ce paradis terrestre reflète les idéaux de Voltaire. II. L’utopie voltairienne. a. le thème de la religion. C’est par exemple dans le domaine de la religion que l’idéal voltairien se fait le plus transparent. Le vieillard est étonné des questions de Candide. Il pose comme une évidence l’existence d’un dieu unique qu’il convient non pas de prier mais de remercier. Point de prêtres, point de moines, point de cabales comme il en existe dans nos sociétés. Voltaire utilise ainsi le pays de l’Eldorado afin présenter son déisme. Pour Voltaire en effet, tout comme pour les habitants de l’Eldorado, il n’y a qu’un seul Dieu et peu importe le nom qu’on lui donne. b. Le despotisme éclairé Cet idéal voltairien va encore se retrouver dans l’évocation de la monarchie. Si l’Europe est souvent soumise à des monarques despotiques comme le soulignent les articles de Diderot sur l’autorité politique ou encore les différentes attaques de Voltaire contre Frédéric II, le roi de l’Eldorado fait figure de monarque éclairé. Point de cérémonie afin de lui rendre hommage. On l’embrasse simplement et le baise des deux cotés. Il reçoit ses visiteurs le plus simplement du monde et fait preuve d’esprit. On est loin du cérémonial de la pompe et des règles protocolaires que les sujets de France doivent adopter lorsqu’ils se présentent devant le Roi de France, représentant de Dieu sur Terre. Loin de vouloir utiliser la force, le roi d’Eldorado laisse au contraire ses sujets agir comme ils l’entendent. Il faut dire qu’il règne sur un peuple éclairé. c. L’esprit des Lumières. Point de cour de justice, point de parlement en Eldorado. On n’y plaide pas mais par contre on y trouve un palais de sciences plein d’instruments de physique et de mathématiques. La science est la clef du progrès et permet à l’humanité de sortir de l’ignorance, de l’obscurantisme. Elle permet ainsi à l’homme d’accéder au bonheur terrestre. Le chapitre XVIII pourrait constituer un chapitre simplement divertissant puisqu’il nous amène dans le monde e du rêve, de l’irréel. Mais cet imaginaire est en fait un modèle social qui permet à l’auteur, par le jeu des contraires, de critiquer la société de son temps tout comme le modèle utopique des thélèmites permettait à Rabelais de critiquer le modèle monastique. Chapitre XIX. LE NEGRE DU SURINAM La tonalité de ce chapitre peut surprendre. Nous quittons en effet le domaine du conte, de l’imaginaire. Après l’évocation du merveilleux avec les deux chapitres précédents consacrés à l’évocation de l’Eldorado, Voltaire consacre en effet ce chapitre à une description indignée d’un autre mal du XVIII, l’esclavage. Ce retour au réel trouve sa pleine signification dans la construction du récit ; après le monde presque onirique de l’Eldorado, le retour au réel n’en est que plus brutal. La dénonciation de l’esclavage prend ainsi tout son poids. Nous étudierons donc les procédés employés par le narrateur afin de dénoncer l’esclavagisme. Nous verrons dans un premier temps comment le chapitre se veut construit sur une objectivité quasi journalistique, puis nous verrons comment l’esclavagisme nous est présenté comme une institution. I. Une objectivité journalistique. On notera que le récit se veut construit sur une objectivité, une neutralité presque journalistique. a. De l’observation aux interrogations. C’est ainsi, par exemple, que les personnages se trouvent confrontés à un événement marquant, la rencontre avec le nègre du Surinam. C‘est à partir de cet événement que se déroule une véritable enquête sous forme de questions et de réponses. « Et que fais-tu là…. »…. »Est-ce Vanderdendur… » La narration obéît à deux étapes bien définies ; dans un premier temps, il y a une période d’observation ; un homme étendu par terre, ne possède que la moitié de son habit et la moitié de son corps. Nous passons ensuite à une deuxième étape ; celle des interrogations. Le chapitre se veut ainsi construit sur une enquête quasi journalistique. b.L’utilisation des discours directs ; Les différents discours directs ont eux aussi pour but de souligner l’objectivité du narrateur. Le long discours rapporté a pour but de souligner sa soumission ; le nègre attend son maître sans exprimer aucun sentiment de révolte comme le souligne l’emploi d’expression telles que « c’est l’usage » et l’emploi d’un présent de vérité générale. « Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois plus heureux que nous ». Cette soumission ne fait que renforcer l’état horrible de sa condition. Les quelques touches exotiques ne font d’ailleurs que renforcer l’omniprésence du mal ; un mal d’autant plus pernicieux qu’il apparaît ici comme une véritable institution. II. L’esclavagisme comme une institution. a. L’emploi du pronom indéfini. C’est ce que l’emploi répété du pronom indéfini « on » nous amène à comprendre ; « On nous donne un caleçon… on nous coupe la main… on nous coupe la jambe… » Les punitions apparaissent comme des faits établis et tolérés de tous alors que cette misère physique apparaît insupportable, d’autant qu’elle se trouve soulignée par les parallélismes syntaxiques. b. l’emploi des parallélismes syntaxiques. « … quand nous… on…. »…. « Quand… nous… » L’emploi de ce parallélisme syntaxique et la répétition du verbe couper permet ici de dénoncer l’injustice des traitements réservés aux esclaves. L’horreur des ces châtiments apparaît d’autant plus impardonnable qu’elle est totalement injustifiée. c. Vanderdendur La seule explication possible serait peut être par le caractère irascible du propriétaire ; on pourra noter alors le jeu sur les allitérations et les connotations liées au nom de Vanderdendur. Il y a là autant de procédés qui nous font apparaître l’esclavage d’autant plus horrible que cette pratique se trouve institutionnalisée. Ainsi cet aspect insupportable est souligné par les larmes de Candide. Les larmes de Candide et les références bibliques sont ainsi des garanties de l’inacceptable. Le texte tombe dans le registre du pathétique et quitte tout à fait le registre de l’ironie. « Et il versait des larmes en regardant son nègre ; et en pleurant, il entra dans Surinam. » L’emploi du possessif « son nègre » vient souligner que cette simple rencontre devient en fait une figure emblématique de l’esclavage. Le conte, l’apologue, apparaît ici comme une véritable littérature de combat. La philosophie des Lumières fut en effet non seulement un combat pour conquérir un pouvoir politique mais aussi pour une libération de tous les hommes. De nombreux autres auteurs du XVIII ont ainsi dénoncé l’esclavagisme. On pense bien sûr à Montesquieu dans son article sur L'esclavage des nègres mais aussi à Rousseau dans son Contrat Social. Ce combat sera repris par les révolutionnaires de 1789 avec l’abolition de l’esclavage et la proclamation des Droits de l’Homme ; mais l’esclavage sera rétabli en 1802 par Napoléon I et il faudra attendre 1848 pour qu’il soit définitivement aboli. CHAPITRE 30 « Il faut cultiver son jardin » Nous sommes à la clausule du conte ; là où va se dégager la morale de l’apologue. Il s’agit pour Candide de tirer une leçon de morale de toutes ses tribulations. Le chapitre XXX est ainsi le résultat de son apprentissage. Cette morale est une morale pragmatique ;nous verrons d’abord comment cette morale est mise en valeur par le jeu du récit, puis nous nous interrogerons sur le sens que nous pouvons donner à cette morale. I.L’apprentissage de Candide. a. Une morale pragmatique…. Elle se caractérise avant tout par son extrême simplicité qui a valeur d’un véritable mot d’ordre ; « il faut cultiver notre jardin. » Cette morale se singularise par sa brièveté d’autant qu’elle se trouve répétée trois fois à travers différentes variantes. « le travail éloigne de nous trois grands maux ; l’ennui, le vice et le besoin. » « Je sais aussi qu’il faut cultiver notre jardin » « Cela est bien dit mais il faut cultiver notre jardin. » b….vaut mieux qu’un long discours. La brièveté de cette maxime s’opppose à tous les longs discours de Pangloss, qui par deux fois sont ridiculisés ; d’abort à travers l’évocation des rois en partant de la Bible pour arriver à l’histoire récente puis à travers son deuxième raisonnement. Ici, c’est les paralélismes syntaxiques ; « si… vous n’aviez… si…vous n’aviez » qui mettent en évidence l’inutilité du discours de Pangloss. Personnage reste capable à lui même et ses raisonnements n’ont d’ailleurs pas changé ; d’où le profond discrédit qui pèse sur le personnage. Candide lui a connu une évolution capitale ; Coupe la parole à pangloss. Reste fidèle à cette nouvelle règle morale dont les bienfaits sont démontrés dés le deuxième paragraphe. II.Le bonheur terrestre. a. Un souci de réalisme. « Toute la petite société »… « la petite terre… » Pas de fortune mais suffisant ppour atteindre le bonhheur terrestre. Personne n’estt parfait, mais chacoun corrige ses défauts par des qualités, et leur travail permet de mettre en valeurs ses qualités. On pense bien sûr à Ferney à travers l’évocation de cette communautée solidaire où chacun travaille au bien être de soi et des autres. Morale toute pragmatique qui permet d’atteindre un bonheur non pas hydillique mais accessible. b. Une morale polysémique. Cette morale peut d’abord être comprise dans son sens littéral : - il s’agit de faire fructifier nos biens ; elle est l’image en ce sens d’une classe sociale montante qui cherche à accéder à de plus en plus de richesses et qui sait faire fructifier ses biens. Voltaire, Beaumarchais sont aussi des hommes d’affaire : - à travers le négoce - à travers les placements - à travers aussi les droits d’auteur. Mais cette morale est à prendre aussi dans son sens métaphorique ; cultiver notre jardin, c’est aussi cultiver notre esprit ; le siècle des lumières progression de la raison sur l’obscurantisme, et l’intolérance. Le bonheur terrestre est aussi un bonheur spirituel. Applicable à soi, à une communautée, conduit au confort mais aussi au réconfort ; cultiver son jardin c’est aussi cheminer vers la tolérance, et comme chacun s’épanouît et trouve saa place socila, c’est aussi avancer vers la liberté et vers l’égalité.
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5 mai 2007

GERMINAL

ANALYSE DE LA CLOSULE « Et sous ses pieds, les coups profonds… » p567. Nous sommes à la fin du roman. Au Voreux, le travail a repris. La grève a été un échec. Etienne quitte donc la mine pour se rendre à Paris et continuer le combat de tous les travailleurs. En effet, si la grève est finie, la révolution peut renaître sans cesse. La closule du roman souligne cet espoir renaissant en une page épique qui va souligner les espoirs d’Etienne et de tous les travailleurs. 1. Une focalisation interne. C’est en effet à travers le regard d’Etienne que nous percevons une dernière fois la région du Voreux. Le narrateur emploi ici une focalisation interne comme le montre l’emploi successif des verbes de perception. « Etienne entendait les camarades », « il croyait en reconnaître d’autres ». C’est donc à travers la conscience d’Etienne que nous percevons les choses et le paysage ne tarde d’ailleurs pas à s’effacer pour laisser place à la subjectivité d’Etienne, à sa vision du monde et des choses. 2. Une transfiguration de la réalité. Très vite en effet, le paysage s’efface pour laisser place à une autre réalité. C’est ainsi qu’Etienne, seul, se sent très vite accompagné par tous ces camarades mineurs. C’est ainsi qu’il lui semble reconnaître, « venant de sous la terre, le souffle de la Maheude », ou encore qu’il lui semble reconnaître encore « d’autres camarades, à droite, à gauche, plus loin » et « qu’il entend encore, encore, de plus en plus distinctement les camarades tapaient. » C’est qu’Etienne n’est plus seul. Les autres mineurs l’accompagne dans ce nouveau voyage. La closule s’oppose ainsi à l’incipit du roman où Etienne arrivait seul au Voreux. « Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoile, un homme suivait seul ma grand route de Marchiennes à Montsou. » Un an s’est écoulé entre les deux scènes, et au cours de cette année, Etienne a appris le sens du combat et de la communion entre les hommes. C’est pourquoi cette dernière scène est aussi un scène d’espoir. 3. La dimension symbolique du décor. Le décor souligne cet espoir de façon symbolique. Si au début du texte, nous étions plongé dans l’obscurité totale d’une nuit d’hivers, nous sommes maintenant dans une « matinée de printemps et le soleil d’avril rayonne ». D’ailleurs, le narrateur insiste sur les images de cette nature en éveil avec « les blés », « les haies vives », « les jeunes arbres », « les bourgeons qui crévent en feuilles vertes », « les champs qui tressaillent de la poussée des herbes », « les graines qui se gonflent ». Très vite cette vision de la nature en éveil prend une dimension symbolique. En effet, « la campagne est grosse de la rumeur de tous les travailleurs ». Ce n’est plus seulement le monde végétal qui est en éveil sous ces rayons de soleil, c’est aussi le monde des hommes. « Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse qui germait dans les sillons ». Au cycle de la nature vient se juxtaposer le cycle des hommes qui après avoir connu la misère et l’exploitation connaitront des lendemains heureux par le triomphe de la révolution. On sera sensible à ce titre à l’utilisation du champ lexical de la germination qui parcourt tout le texte avec « la terre qui enfante », « les bourgeons qui crèvent en feuilles vertes », ou encore « les graines qui se gonflent », « le débordement de sève », « le bruit des germes », « les récoltes des siècles futur », et la « germination qui va faire éclater la terre ». On assiste ainsi à une véritable transfiguration du réel. Au paysage du Voreux se juxtapose le paysage intérieur d’Etienne, un paysage fait des combats à venir et de l’espoir de tous les travailleurs. Ainsi, l’éveil de la nature prend une dimension métaphorique. Elle est aussi l’éveil de tous les hommes. C’est d’ailleurs cette métaphore qui permet de donner au titre toute sa portée symbolique. En reprenant le nom d’un mois du calendrier révolutionnaire, et en faisant allusion à la journée révolutionaire du 12 Germinal, Zola fait bien plus que donner à son roman une dimension révolutionnaire. Il développe à travers ce titre une véritable métaphore filée tout au long du roman. P204. « Le mineur s’éveillait au fond, germait dans le sol ainsi qu’une vraie graine…oui, il pousserait des hommes, une armée d’hommes qui répandraient la justice… » P330 « Une armée pousserait des fosses, une moisson de citoyens dont la semence germait et ferait éclater la terre… » P392 Cette métaphore filée de la germination trouve son aboutissement dans la closule du roman, lui offrant ainsi toute sa dimension épique.
4 mai 2007

fr.wikipedia.org/wiki/Émile_Zola -

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